11 octobre 2014

L’abolition des commissions scolaires : une fausse bonne idée?

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Depuis quelques semaines, le parti libéral du Québec semble avoir changé radicalement de discours quant à l’avenir des commissions scolaires. Ce changement est d’autant plus étonnant qu’au fil des élections, on remarquait que plusieurs élus libéraux avaient au préalable fait «leurs classes» à titre de commissaire scolaire. 

On assiste même aujourd’hui à une fronde de la part de CS envers le ministre de l’Éducation, Yves Bolduc, qui envisage d’abolir purement et simplement cette structure décisionnelle, une situation impensable il y a à peine quelques mois.

Pour être enseignant depuis plus de 20 ans, ma commission scolaire m’a souvent donné des occasions de rager et m’en donne encore aujourd’hui ! Sauf que je méfie de cette solution qui m’apparaît bien simpliste.

En effet, il n’existe aucune étude sérieuse quant aux bienfaits économiques ou autres entourant l’abolition des CS. Un simple exemple: quand on suggère de refiler l’organisation du transport scolaire aux municipalités, on oublie de mentionner que celles-ci n’ont aucune expertise dans ce domaine et qu’elles le feraient éventuellement à un cout possiblement plus élevé parce que les salaires dans les villes sont de loin plus grands que dans les CS. C’est la même chose en ce qui a trait à la gestion des immeubles. Et qui nous dit que certaines villes, pour des considérations électoralistes, ne feront pas passer les intérêts des élèves après ceux des citoyens ?

À travers le monde, on retrouve autant d’exemples de catastrophes que de demi-succès en ce qui a trait à ce qu’on appelle les «écoles autonomes». De même en ce qui concerne les écoles chapeautées par une organisation semblables à des CS. Se peut-il que le succès d’un réseau scolaire s’explique autrement que par ses seules structures?

Un autre point est que les écoles, si on les rend autonomes, vont inévitablement se regrouper un jour ou l’autre pour se doter de ressources communes qu’elles n’auront pas les moyens de se payer seules. Elles se créeront, au minimum, une structure régionale. Aucune école n’aura les moyens de se doter d’un service juridique, par exemple, et rien ne garantit que le secteur privé offrira son expertise à moindre cout.

Enfin, on semble oublier qu’il faudra inévitablement toujours un arbitre régional sur le terrain pour trancher dans le cas de certaines décisions. Ainsi, qui déterminera quelle école offrira tel ou tel programme scolaire? Qui déterminera qu’il faut agrandir telle ou telle école? Le MELS? Celui-ci est déjà un monstre bureaucratique qui exige des écoles existantes tellement de redditions de comptes que c'en est absurde! Dans les faits, le vrai problème est le MELS qui n'a ni confiance aux CS et aux directions d'école. Quand un ministre, comme Yves Bolduc, en est rendu à vouloir faire de la microgestion, c'est un signe évident que rien ne va plus.

À ce propos, soulignons que M. Bolduc est incohérent dans sa gestion de l'administration du réseau scolaire québécois. Il y a quelques mois, il a coupé les directions régionales du MELS qui étaient devenues en quelque sorte inutiles avec la fusion des commissions scolaires, ces dernières étant ni plus ni moins des entités régionales en elles-mêmes. Va-t-il devoir les «ressusciter» s'il abolit les CS?

Depuis la proposition de l'ADQ d'abolir les CS, on nage dans le populisme et la pensée magique quant à nos structures scolaires. Demandez-vous combien de millions l’ADQ prévoyait-elle récolter en éliminant les CS à ses débuts et à combien s’élèvent les coupes budgétaires dans les CS depuis? 

Lors du 50e anniversaire de mon école, j'ai eu à me pencher sur l'histoire scolaire de ma région. J'ai lu sur la formation des commissions scolaires, sur la création des écoles régionales, sur le rapport Parent. À l’époque, on avait pris le temps de s'interroger et d'effectuer une véritable réflexion. Aujourd’hui, sans juger de la valeur des idées mises de l’avant, il est manifeste qu'on ne va pas très loin côté analyses et recherches pour entreprendre une réforme qui serait aussi importante que celle survenue dans les années 1960. Est-ce logique? Est-ce acceptable? Nos décideurs politiques ne sont-ils pas tenus à un devoir de saine gestion?

Au cours de ma carrière, j'ai été témoin de trop de changements de la sorte. J'en ai vu du gaspillage et des élèves victimes des lubies de nos décideurs. Nos enfants méritent qu'on soit plus sérieux quant à ce que l'on propose comme modifications au réseau scolaire. Qu’on me comprenne bien : je ne tiens pas à protéger le statut quo actuel. Des changements sont nécessaires, mais il faut s'assurer que ceux-ci soient efficaces et au service de l'élève. Et actuellement, rien ne me convainc que ce sera le cas.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

au service de l'élevé en difficulté, les bons n'ont aucun service et sont des laissés pour compte et sous-stimulé dans le système public.

des cas de un pour un (un tes pour un élève) ne devrait jamais exister.

Il faut trouver une avenue économique et stimulante pour ces jeunes , tout le budget passe en lologue et en soutient.