20 mai 2012

Les gros bras et les émeutes

Je me suis abstenu de trop intervenir sur le débat entourant la crise étudiante. Trop d'émotion dans l'air, trop de bêtise aussi. Mon attitude n'est pas hautaine: je préférais me taire qu'en rajouter. Mais maintenant que la situation semble assez claire, pourquoi se priver de relever les imbéciliés émises par certains intervenants reliés à toute cette saga?

La palme revient aujourd'hui à Pierre Moreau, ministre des Transports, qui ne calme résolument pas ses transports quand il est interviewé par les journalistes.

«Il y a certainement des dispositions de la loi 78 qui pourraient s'appliquer à la manifestation d'hier, c'est clair», a-t-il affirmé en tentant de justifier l'instauration d'une loi spéciale qui a tout de spéciale. Le hic, c'est qu'il existait déjà des articles de loi visant à réprimer les gestes posés hier. Il faut croire que l'efficacité de la nouvelle législation n'est pas à court terme.

«Ce n'est pas parce qu'une loi est adoptée que vous allez freiner en 35 secondes tout le monde qui pose des gestes illégaux. Par contre, l'application de la loi fait en sorte qu'au fur et à mesure que les policiers font leur travail, et ça peut prendre un certain temps, ils sont à même de déposer contre ces gens-là des accusations qui sont à la mesure des gestes odieux qu'ils posent et des actes criminels qu'ils commettent», rajoute le ministre des routes et déroutes. C'est bizarre, mais pourquoi n'en aurait-il pas été de même pour les articles déjà existants? On assistait à un essoufflement des manifestations avant que le gouvernement Charest rallume (sciemment ou non) le feu étudiant, malgré l'incapacité chronique des forces policières à arrêter les véritables casseurs.

D'ailleurs, ce fait entre en totale contradiction avec le discours voulant que nos braves agents de la paix soient efficaces et professionnels, comme se plaisent à nous le répéter nos dirigeants. Ça fait presque 100 jours qu'un groupe de casseurs se livrent à des actions condamnables lors des manifestations étudiantes. Pour l'efficacité, on repassera. On notera aussi que la loi 78 permet dorénavant à la Sûreté du Québec de se mêler plus directement de la répression des événements qui surviendront à Montréal. Un constat d'échec quant au SPVM? L'arrivée d'une police plus «politique» aux yeux de certains?

Enfin, selon la journaliste, le ministre «soutient que les événements d'hier ne s'inscrivent pas dans une escalade de la violence, puisque ce sont des actes aussi graves qui ont poussé le gouvernement à mettre cette loi de l'avant.» Pas d'escalade? Pourtant, c'est bien la première fois que j'entends parler de cocktails Molotov et d'incendies lors d'une manifestation étudiante. Je dois en avoir manqué des morceaux...

On notera que le départ de Line Beauchamp coïncide exactement avec l'actions des «faucons» et partisans de la ligne dure avec les étudiants. Mme Beauchamp n'a pas démissionné seulement comme ministre de l'Éducation mais aussi comme députée. Faut-il y voir un lien?

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Ah oui: les postions défendues dans ce blogue ne visent qu'à susciter un débat éclairé. En aucun temps, ils ne visent la valorisation de comportements illégaux (comme la corruption, la fraude, le délit d'initié, le faux témoignage, la subordination de témoin ou autre) ou violents.

2 commentaires:

Le professeur masqué a dit…

Il y a un intervenant qui m'a envoyé un commentaire que je ne peux publier parce qu'il y a un mince risque qu'il s'incrime par ses propos. Je peux le publier s'il est envoyé de façon anonyme.

Anonyme a dit…

Je n'arrive pas à comprendre l'entêtement de Jean Charest et sa troupe. Ils ont été légitimement élus donc à partir de vous avez le mandat de gouverner il faut le faire et arrêter les jeux politiques.

Je suis dégoûté par cette joute politique qui va éventuellement servir au gouvernement pour se faire élire en montrant à tous qu'ils ont gardé la ligne dure.

J'espère que la population aura la lucidité de les juger sévèrement.