08 novembre 2011

Les gars et l'école: l'enfer est pavé de bonnes intentions...

Afin de vouloir s'assurer que les gars ne décrochent pas, on crée un peu partout des initiatives pour ces derniers. La dernière en lice: cette école primaire de Chicoutimi qui ira de l'avant avec une sortie de gars.

«On voulait se démarquer en faisant une activité pour encourager les jeunes, surtout les garçons, à s'accrocher à l'école, a expliqué Daniel Morin, animateur de vie spirituelle et d'engagement communautaire à l'école des Quatre vents. Les garçons bougent beaucoup plus. Ils ont besoin de se dépenser. Les filles sont moins agitées que les garçons, qui ont besoin de défis.»

Je suis désolé, mais toutes ces initiatives sont basées sur des visions réductrices et généralisantes. À la limite, elles renforcent des préjugés et des perceptions sexistes. Regardons l'équation suivante:

Un gars = ça crie, ça court, ça aime les sports.

Donc, si ça ne crie pas, si ça ne court pas, si ça n'aime pas les sports, ça ≠ un gars.

Et si ça ≠ pas un gars, ça = une fille ou un fif.

J'ai passé mon primaire et mon secondaire à être traité de fif parce que je lisais, parce que j'aimais l'école, parce que je ne courais pas, parce que je ne criais pas et parce que je n'aimais pas les sports. Étant parmi les plus grands de ma cohorte, je ne compte plus les fois où j'ai dû me battre à 4 heures au rack à bécyk avec des petits teigneux atteints du complexe de Napoléon. Et chaque bagarre que je gagnais ne me rendait pas plus respectable aux yeux des vrais gars, en passant.

Qu'on vienne renforcer, en 2011, des images stéréotypées masculines me dépasse totalement. Et les filles ne perdent rien pour attendre à cette école. Elles auront aussi droit à sortie exclusivement pour elles.

J'ai tellement l'impression qu'on retourne à l'époque de GI Joe et de Barbie.

6 commentaires:

Marc St-Pierre a dit…

Si l'enfer n'est pas pavé de bonnes intentions, le chemin qui y mène l'est assurément. Tout à fait d'accord avec vous PM. Tant qu'à y être pourquoi ne pas sexualiser aussi les thèmes proposés dans l'épreuve de production écrite de 5e secondaire. Pis au fond, pourquoi on demande aux gars de produire un texte argumentatif? C'est plus simple de convaincre quelqu'un de la justesse de nos arguments ...en l'invitant à en discuter sur le bord du rack à bécic, non?

Anonyme a dit…

Que fait-on avec les filles qui ne sont pas des "vraies filles"??? Celles qui n'aiment ni les sorties de filles ni les Barbies??

;)

Le professeur masqué a dit…

On pense que ce ne sont pas des filles, mais des «butch» ou des «gouines». C'est tivident.

Jonathan Livingston a dit…

On ne sait d'ailleurs pas trop ce sur quoi portait la sortie si ce n'est qu'elle en était une de «gars». On est de toute façon dans les justifications de «cons». Le décrochage scolaire se combattrait à coup de «sortie de gars»?

Mon observation est que les jeunes sur la pente du décrochage qu'on voit au secondaire sont ceux qui ont avancé dans le système sans faire vraiment des acquisitions et à qui on a épargné une confrontation directe avec la réalité de leur non implication dans leurs apprentissages et qui se retrouvent de plus en plus en décalage avec les exigences de l'école et ne peuvent plus espérer rattraper ce qui n'a été appris. Ces dépassés, oui, décrochent. La faute en est à notre laxisme systémique, à des programmes qui ciblent mal les objectifs essentiels et qui respectent le potentiel des jeunes, à un manque d'encadrement général qui ne permet pas à trop de jeunes de se concentrer sur leurs apprentissages au lieu de passer leurs énergies à faire autre chose en classe.

S'interroger sur nos lacunes à ce niveau et intervenir en ce sens me semblerait plus intelligent que de croire en l'implication miracle de parents et aux sorties de gars en manque de modèles masculins. Je suis désolé, mais il faut être myope en maudit pour manquer de modèle masculin à notre époque.

Stephane Levasseur a dit…

Et si la sortie de gars était une visite au musée ou au cinéma pour aller voir Twilight?

Le professeur masqué a dit…

M. Levasseur: j'aime bien la rhétorique et l'argumentation, mais vous voulez parier combien que non?