03 juin 2011

Manifeste pour un Québec éduqué

Des enseignants de cégep ont lancé un manifeste pour dénoncer les contraintes qu'on leur imposerait quant à leur enseignement et la réussite des élèves. Je vous invite à le consulter ici.

Dans un texte dans Le Devoir, on peut lire:

L'an dernier, dans le nouveau devis ministériel pour la formation générale, une partie des exigences en littérature a été retirée au profit de l'ajout d'une compétence en correction et révision de textes. «Il fallait revoir l'autocorrection avec les nouveaux étudiants sous prétexte qu'ils n'avaient pas vu cette compétence-là en 5e secondaire», a-t-elle ajouté.


Je peux vous certifier que la notion de révision de texte est vue dès le primaire. Mal vue, de façon incomplète, avec de mauvais outils, dans certains cas peut-être. Mais disons les choses comme elles sont: l'élève sait qu'il n'a pas besoin de maitriser correctement le code grammatical pour réussir une production écrite tant certains critères d'évaluation venant du MELS ou des commissions scolaires sont flous ou flexibles. Alors, pourquoi se forcer? pourquoi corriger? pourquoi appliquer une méthode d'autocorrection?

Comme enseignant de cinquième secondaire, j'ai vu des élèves réussir l'épreuve ministérielle de français écrit avec des notes dépassant les 70% alors qu'ils peinaient à obtenir 50% dans mon cours. Certains faisaient une faute aux 10 mots et ne savaient toujours pas écrire le mot «professeur» après onze ans à l'école. Qu'à cela ne tienne: ils ont réussi!

Ce manifeste montre deux choses. La première est l'inefficacité de notre système d'éducation dans certains domaines; la seconde, le fait qu'on pellete toujours dans la cour du suivant les problèmes rencontrés dans des niveaux d'enseignement inférieurs. Il n'est pas étonnant que, depuis quelques années, on assiste à la création de cours de mise à niveau en français au cégep et à l'université. On aurait dû tirer la sonnette d'alarme quand on en est même venu à en instaurer dans le cadre du baccalauréat en enseignement du français! Mais pourquoi se poser des questions quand nos élèves, du moins les plus persévérants, reçoivent tous un beau diplôme à la fin de leurs études?

7 commentaires:

pgiroux a dit…

Je crois que ce manifeste montre aussi que plusieurs enseignants sont fatigués du manque de respect et de l'improvisation du MELS. Comment expliquer autrement le fait que le MELS accorde 70% à un étudiant à un étudiant dont le professeur de français juge qu'il ne mérite pas plus de 50%? On ne parle pas de 1 ou 2 pour cent de différence ici!

Outre le manifeste des enseignants du collégial, il y a aussi eu celui de mes collègues universitaires... http://www.ecolecompetente.com/

Contre les fantasmes a dit…

Oui, enfin, cette école compétente (pour les universitaires) semble très IDÉOLOGIQUE, je cite :

"Pour une école moderne, exigeante, équitable, *inclusive* (à QUOI ?), juste, ouverte (à Quoi ?), citoyenne (Mot hochet), critique, créative, consciente (de quoi ?), branchée (À quoi ? et fière. Pour une école compétente!"

Anonyme a dit…

J'y reviendrai éventuellement plus en détail, parce que la question me touche de près bien sûr, mais aussi parce qu'il me semble lire là le même ras-le-bol dont faisait part Lucien Francoeur l'autre jour, sur un ton plus brut et avec des raccourcis intellectuels démagogiques malheureusement.
J'aime bien en tout cas le "pédadingos" auquel je n'avais pas pensé; j'aime moins le ton un tantinet méprisant vis-à-vis des étudiants, qui sont souvent victimes de la situation.

bobbiwatson a dit…

"Alors, pourquoi se forcer? pourquoi corriger? pourquoi appliquer une méthode d'autocorrection?"

Voilà la réponse: tant et aussi longtemps qu'on ne reviendra pas à l'inculcation de l'effort on n'arrivera à rien.

Il faut aussi en arriver à faire une "ligne verticale" entre la maternelle et la 5e secondaire (j'ai oublié le terme exact). Si la base est solide et se continue tout au long des années, le résultat final ne pourra que l'être.

Ce n'est pas pour cela que tu es parti de la 5e secondaire pour aller en première? Pour donner une base solide aux jeunes?

Anonyme a dit…

Faut-il s'étonner que les enseignants de CEGEP, qui ont accueilli la 1re cohorte 100% réforme,constatent le manque d'acquis de plusieurs de leurs nouveaux élèves et dénoncent,à leur tour,les contraintes qui leur sont imposées afin que ces élèves réussissent MALGRÉ leurs lacunes? Tout est pelleté par devant et d'ici deux ans,le problème sera vécu à l'université.
Pourquoi on continue de tolérer ça dans la communauté enseignante(de tous niveaux)? Oui on dénonce, mais après...

Marc St-Pierre a dit…

« Tout est dans la manière, la méthode. Enseigner dans le style qui a été imposé à nos écoles par les conditions qu’on leur a faites, c’était être réduit à faire accumuler et retenir des connaissances, de façon à mettre toutes les chances du côté de l’élève pour le moment de l’examen. Ce souci de rendement (…) avait priorité sur la préoccupation de faire comprendre, de mettre l’intelligence en activité. Il fallait avancer, courir; il n’était pas question d’approfondir. On ne laissait pas l’élève chercher, tâtonner. On lui faisait absorber du tout cuit. Recette sûre pour tuer la curiosité intellectuelle, atrophier l’esprit, engendrer la passivité et pour orienter les jeunes vers la rue. »

C'était dans le Rapport Parent... alors, c'était donc tellement bien...avant...

Missmath a dit…

Les étudiants ne sont pas plus faibles qu'avant, ils sont différents. Le point qui dérange est celui soulevé par PM : comment se fait-il que des étudiants jugés par un professionnel (le prof !) réussissent à passer ? Le pelletage en avant, les quotas de doubleurs, les normalisations pour préserver les taux de réussite, toute cette comptabilité, voilà le bobo. Les étudiants, non. Les profs encore moins.