19 mars 2011

Faisons des mathématiques avec le MELS

L'argent ne pousse pas dans les arbres, dit le proverbe.

Lors de son passage à l'émission Larocque-Lapierre, la ministre Beauchamp annonçait que le budget Bachand comprendrait 500 millions $ pour des investissements en immobilisation afin de bâtir des écoles, d'ajouter de nouvelles classes ou de rénover les établissement existants. Elle a d'ailleurs répété ce montant trois fois plutôt qu'une, si j'ai bonne mémoire. Dans le réseau, cette somme était connue quelque temps.

Or, certains documents du Conseil du trésor indiquent qu'on parle plutôt d'investissements de 276 millions $ auxquels s'ajoutent 24 millions déjà engagés cette année. Ou la ministre ne savait pas de quoi elle parlait ou les chiffres ont été changé entre-temps.

Et que répond la ministre à ceux qui s'interrogent sur cet écart? «300 millions, c'est beaucoup d'argent. Tout cet argent-là, ce sont des sommes à annoncer et à investir en un an. C'est beaucoup.»

C'est fou comment les mathématiques sont à géométrie variable au MELS. Aussi, question de nous amuser un peu, ajoutons quelques chiffres pour agrémenter toute cette équation.

Comme on va manquer d'écoles pour accueillir les élèves de certaines régions, ceux-ci vont devoir être transportés en autobus scolaire. Résultat: augmentation des frais de transport scolaire.

Comme on va manquer de classes parce qu'on a diminué la taille des groupes sans trop réfléchir à l'impact de cette idée sur le nombre de locaux de classe nécessaires, on va se retrouver avec des groupes en dépassement. Résultat: augmentation des primes versées aux enseignants pour des dépassements d'élèves.

Comme on va se retrouver avec des groupes en dépassement, l'enseignement offert aux élèves ne sera pas d'aussi bonne qualité. Résultat: il faudra continuer à investir dans des services éducatifs connexes.

Donc, en n'investissant pas dans la création de nouvelles écoles ou de nouvelles classes, le MELS ne fait pas d'économie véritable. Il doit dépenser ailleurs l'argent qu'il prétend économiser. Et cet argent ne permet pas nécessairement d'assurer un meilleur service aux élèves.

Dans la même veine, on apprend qu'il en coûtera 240 millions pour des tableaux interactifs que le milieu scolaire n'a même pas demandé.

Faites vos calculs et interrogez-vous sur la façon dont on dépense en éducation.

3 commentaires:

Missmath a dit…

La comptabilité est à la mathématique ce que Normand L'Amour est à la musique.

gillac a dit…

Vous avez là une parfaite illustration de ce que peut faire un politicien lorsqu'il porte son chapeau de gestionnaire. N'oublions pas qu'aucun ministre n'a été élu pour ses capacités de gestion même si par la suite on lui confie des milliards à dépenser. Dans certains pays plus évolués, les ministères font des lois et exercent certains contrôles alors que la gestion opérationnelle est confiée à des agences d'état qui sont administrées par de vrais gestionnaires lorsque le processus de choix est bien fait.

Marc St-Pierre a dit…

À chacun sa façon de compter. Les chiffres sont des petites bêtes fragiles: ils sont prêts à dire tout ce qu'on veut pour peu qu'on se donne la peine de les torturer un peu. Il aurait aussi fallu dire que les baisses de ratio vont coûter une fortune de toute façon, dépassement et autobus ou non, et que quand on a comme objectif d'améliorer la réussite, c'est ce qui coûte le plus cher pour ce que ça donne.Ça, c'est très bien documenté en recherche. Mais en même temps, ça permet de maintenir des emplois (et un niveau constant de cotisations syndicales) dans les régions où on vit une décroissance démographique, ce qui veut dire à peu près partout au Québec sauf à Gatineau et dans le 450...