20 novembre 2010

Les maisons d'édition scolaire et Internet

Lors d'un récent congrès, je rencontrais une ancienne collègue qui travaille aujourd'hui dans une grosse maison d'édition bien connue. On a eu l'occasion d'échanger quelque peu, ce qui m'a amené à quelques réflexions.

Avec la fin de l'implantation de la réforme, les belles années sont finies pour plusieurs maisons d'édition qui concevaient du nouveau manuel scolaire. La manne est passée et elles cherchent donc de nouveaux débouchés.

En parallèle, les maisons d'édition sont inquiètes quand elles pensent à ce qui est arrivé à l'industrie du disque. En effet, on a vu à quel point les grandes maisons de disques ont connu des difficultés majeures. Le nombre d'albums vendus a diminué et les formats sous lesquels ils sont offerts ont également beaucoup changé. De plus, on a assisté à la montée de nombreuses entreprises indépendantes et les musiciens hésitent de moins en moins à s'autoproduire.

Les éditeurs scolaires ne savent pas trop sur quel pied danser avec les technologies de l'information. On offre des corrigés et du matériel reproductible en ligne ou sur clé USB, mais pas encore de véritables sites interactifs.

Contrairement aux musiciens et chanteurs, les enseignants ne semblent pas être des producteurs de contenu aussi importants. Les profs créent peu ou diffusent peu pour diverses raisons:
- des conditions de travail qui ne favorisent pas des temps d'arrêt pour créer du matériel pédagogique:
- la peur de se faire voler son matériel ou de ne pas en retirer une certaine reconnaissance (un petit apparté: en matière d'éthique et de droits d'auteurs, il y a des enseignants dont le comportement est condamnable);
- le manque d'envergure créatrice;
- la voie de la facilité.

C'est cette dernière raison qui donne un espoir à mon ancienne collègue. Il existe des profs qui veulent du matériel tout fait sans avoir à effectuer des recherches pour le trouver. Ils comptent sur des conseillers pédagogiques, sur des représentants des maisons d'édition pour qu'on leur propose du matériel.

9 commentaires:

Anonyme a dit…

J'ai entendu dire que si le MELS a tellement de craintes d'abandonner la «réforme» c'est entre autres à cause des maisons d'édition qui ont mis tellement d'argent dans les nouvelles versions des livres scolaires. C'est le monde à l'envers.
le chourave

Missmath a dit…

Depuis quelques années, ce n'est plus moi qui paie le beurre des maisons d'édition. Sauf pour quelques cours, les volumes ne me conviennent pas, même s'ils ont été créés par des collègues pour mes cours. Alors, je dois tout créer... et je n'ai plus de vie.

Pourquoi mes collègues équilibrés ne font-ils pas comme moi ? Certains parce qu'ils marchent avec le matériel construit comme des handicapés marchent avec des marchettes et que sans notes et sans livre ils ne peuvent rien faire (je ne donnerai pas de noms, mais je pourrais ! HA!), d'autres parce qu'ils sont des techniciens en éducation, qu'ils font en classe le minimum de ce qu'on leur demande de faire en espérant pouvoir en faire encore moins et profitent de leurs longues vacances, d'autres parce que justement, ils sont équilibrés et que la préparation de cours, la correction et la création d'examen les obligent déjà à faire du temps supplémentaire.

Dans notre beau système, le créateur de matériel, le surchargé équilibré, le technicien à l'effort minimum et l'incompétent ont le même salaire, le même traitement, la même considération... Quoique non. À bien y penser, on en demandera toujours plus aux deux premiers et on aura hâte que les deux derniers partent... (hélas, c'est toujours les meilleurs qui partent en premier !!!)



C'est pour les mêmes raisons que le Québec traîne de la patte côté TICE.

bobbiwatson a dit…

Même le matériel tout fait et proposé est encore trop compliqué pour certains profs. À se demander s'ils ne voudraient pas qu'on enseigne à leur place :)

bobbiwatson a dit…

Une étroite collaboration entre les "créateurs d'ouvrages pédagogiques chez les distributeurs scolaires" et les profs aurait sa place.
La réforme s'est entourée d'incompétents et les maisons d'éditions scolaires le font aussi.
Quand le monde scolaire comprendra qu'il lui faut cibler des profs réellement compétents sur le terrain plutôt que des théoriciens, celui-ci sera réellement adapté à la réalité vécue par les profs et les élèves.
Le MELS pourrait approcher les profs qui construisent déjà leur matériel d'enseignement: les maisons d'édition pourrait utliser ce matériel en payant les droits d'auteurs, naturellement.

Anonyme a dit…

HORS CONTEXTE.

Ta chaise est-elle arrivée? On la prévoie pour quand?

Nous sommes plusieurs à attendre ta réponse :)

Anonyme a dit…

Missmath,
vous avez raison. Par exemple, les livres du secondaire en math sont tellement confus et avec des mises en situation éparpillées (qui sont supposées donner un sens à leur apprentissage mais qui les mélangent plus qu'autre chose) qu'il nous faut faire des notes que nous refilons aux élèves pour qu'ils puissent s'y comprendre. On fait le double du travail par conscience professionnelle.
Le Chourave

Anonyme a dit…

Rien à dire contre les manuels sinon que je ne les utilise plus. La dernière fois que je l'ai fait, je n'en ai utilisé qu'à peine un dixième, et encore. En plus, ils sont trop chers, de plus en plus d'ailleurs depuis qu'on les surcharge d'images, d'onglets et de couleurs pour imiter le graphisme des pages ouèbe. Difficile d'être plus loin de la littérature. Ensuite, on est coincé avec lui et son formattage qui découpe tout le cours à notre place, et en tout petits morceaux digestibles et sans goût. Ils sont pourtant écrits par des collègues tout à fait qualifiés, mais à force de ratisser trop large pour plaire à tout le monde, ils finissent par tout édulcorer. Quant aux éditions critiques, elles sont bien faites la plupart du temps et je m'en sers parfois pour préparer mes cours, mais jamais je ne les fait acheter à mes étudiants. C'est moi qui enseigne, pas les bouquins.
Je ne dirais pas que les rédacteurs de ces manuels sont incompétents. La plupart sont rédigés par des collègues parfaitement qualifiés, du moins dans la branche où j'enseigne. J'ai vu cependant des choses consternantes quand ma fille faisait son primaire. Je supposerais, comme ça, que les rédacteurs étaient des pédagogos et non de véritables profs, mais ce serait de la médisance.
Et puis rassurez-vous : ce n'est pas dans le domaine des manuels scolaires que les maisons d'édition perdent le plus d'argent. Une fois les réformes stabilisées, ils n'ont plus qu'à rééditer, ce qui revient bien moins cher. Ou alors, ils vont bien s'arranger pour faire des mises à jour capitales, mais je ne crois pas qu'ils investissent le ouèbe. Ce n'est pas dans leur intérêt : quoi qu'on en dise, leur intérêt premier est bien moins pédagogique que financier.

Hélène a dit…

Hors contexte
À lire ; cet article du New York Times
Growing Up Digital, Wired for Distraction
Un point de vue intéressant, qui ne fera pas l'affaire des tenants des TIC :He’s a kid caught between two worlds", en parlant d'un jeune brillant, bien branché techno mais qui n'arrive pas à réussir ses études.

Mamzelle Z a dit…

Je rêve du jour où une maison d'édition nous offrira du matériel informatisé, adaptable et pour moins cher que la version papier.

Peut-être que je vais changer de carrière et partir une entreprise de matériel pédagogique... Mais personne ne me pique mon idée ok?