07 juillet 2010

Canicule: les victimes colatérales (ajout)

Mon père était intraitable.

- Non, non, donne-toi pas la peine. J'en ai pas besoin.
- Oui, mais il doit faire chaud dans ton logement?
- Ben, non. Chu correct.
- Mais ça me dérange pas, p'pa. C'est une affaire 10 minutes. Je l'ai déjà acheté.


C'est argument-là, c'était un mensonge. Je comptais l'acheter en route. Et c'était un très mauvais mensonge.

- Comment ça: tu l'as acheté? T'as pas les moyens. Que j't'vois gaspiller ton argent de mëme!

(Notez: acheter quelque chose pour son père, c'est du gaspillage.)

- T'es sûr? Ça me dérange pas.
- Non, j't'ai dit non.


Fin de la discussion. Si on peut appeler ça une discussion.

La nuit même, mon père s'est levé pour aller dans la cuisine. Étourdi par la chaleur, il s'est évanoui et s'est cogné la tête sur le coin de la table de cuisine. Assommé net. Il a repris conscience et a eu le réflexe d'appeler 911.

J'ai été informé de l'incident le lendemain matin.

À l'hôpital, lorsque je suis allé le voir, on n'a pas parlé de l'istallation d'un climatiseur. Père trop orguilleux. Pas le moment de le contrarier avec tous les bidules branchés après lui.

Durant la nuit suivante, une veine a cédé dans la boite crânienne. Hémorragie cervicale massive. Mort cliniquement en une minute.

Il faut chaud, hein. Juste comme ça, sachez que les petits vieux et les petites vieilles ont le thermostat moins efficace avec l'âge. Parfois, ils se décident à boire seulement lorsqu'ils sont rendus au seuil de la déshydratation.

Je n'en écris pas plus. Ça puerait la morale.

******

Les canicules, ça ne date pas d'hier. Ainsi, mon père est décédé il y a quelques années de cela déjà. Dans des circonstances identiques à ce que nous vivons actuellement.

2 commentaires:

Féadaë a dit…

Je suis désolé de lire ce texte,c'est très dur de perdre un être cher.
Je te donne toutes mes condoléances.

Anonyme a dit…

C'est une des raison pour lesquelles les policiers et les pompiers frappent aux portes des gens pendant les grosses vagues de chaleur.

Ton père n'a pas eu de chance et toi non plus, par ricochet. Ça fait déjà longtemps mais c'est une situation qui est toujours actuelle.