28 janvier 2010

La réforme et la CSDM ne vont plus de pair (ajout)

La Commission scolaire de Montréal (CSDM) et l'Alliance des professeurs de Montréal (i.e. le méchant syndicat...) se sont entendus pour apporter des correctifs majeurs quant à l'évaluation.

Si on n'a pas encore vu le texte de l'entente, deux extraits publiés sur Radio-Canada.ca sont déjà très clairs:

Les compétences transversales, l'évaluation actuellement de ça, aussi pertinente pourrait-elle être, ce n'est pas possible, c'est trop compliqué pour le moment. [...] C'est une réforme en profondeur de l'évaluation.

— Diane de Courcy


On vient, selon nous, corriger de façon importante un des pans, sinon le plus important, des ratés de cette réforme. [...] Je pense que la CSDM s'est rendue aux arguments des enseignants sur le fait que la réforme n'avait pas diminué le taux de décrochage, pas amélioré la réussite et qu'il fallait donner un coup de barre.

— Nathalie Morel


Radio-Canada affirme que «l'évaluation formelle des compétences transversales serait abandonnée et les bulletins scolaires seraient standards et chiffrés partout au Québec. Des examens nationaux seraient tenus en toute fin d'année.»

Et aussi bien vous dire un scoop, je connais plusieurs directeurs d'école qui n'en peuvent plus de la réforme. Autant ils étaient enthousiastes au début, autant maintenant ils ont déchanté en voyant les réultats concrets sur le terrain, surtout auprès des élèves faibles ou en difficulté. Les plus forts s'en tirent toujours un peu mieux... comme d'habitude.

On se rappellera aussi du schisme survenu entre l'Alliance des professeurs de Montréal et la FSE à propos de la réforme. Les opinions étaient tellement irréconciliables que l'Alliance avait claqué la porte de la FSE pour fonder la FAE. C'est tout dire.

Tant de fric et d'énergies gaspillées quant à moi.

*******

Rue.Frontenac y va de quelques précisions ce matin. Ainsi, la CSDM et l'alliance aurait convenu que :
- « l’acquisition des connaissances constitue la pierre d’assise des apprentissages de ses élèves ».
- « l’acquisition des connaissances doit faire l’objet d’une évaluation explicite et continue pour en être témoignée dans le résultat de l’élève.»
« l’acquisition des connaissances doit faire l’objet d’une évaluation explicite et continue pour en être témoignée dans le résultat de l’élève.»


Pour la présidente de l'Alliance des professeurs de Montréal, Natahlie Morel:
«En recentrant sur les connaissances, c’est possible qu’on ait un choc. On va peut-être devoir composer avec une chute des notes. Mais collectivement, ça va être quand même un bon coup parce qu’on va arrêter de se conter des histoires.»

Elle ajoute, concernant les situation d'évaluation : « Ils doivent être beaucoup allégés. En ce moment, ça prend parfois trois semaines pour faire l’examen, qui est étalé sur huit périodes de 75 minutes. Ça n’a pas de bon sens.»

N'oubliez pas: cette dame est une enseignante. Que vaut son avis devant des pédagogues bardés de diplômes universitaires? Pire encore: elle est une syndicaliste...

6 commentaires:

bobbiwatson a dit…

Madame de Courcy demande une autre réforme? Une qui lui permettra de bien structurer sa pensée et son langage?

Madame Morel arrive avec l'argument massue: les profs savaient.

En quelle année verrons-nous les "dirigeants" écouter les "gens de terrain"? Quelqu'un a une réponse?

Je connais plus de directions d'école qui s'obligeaient à "essayer" d'appliquer cette foutue réforme de scnhout que de directions qui y croyaient vraiment (et des enseignant(e)s encore moins).

Nous devrions tous déménager en Finlande ... ou ... faire déménager la Finlande au Québec. Si le budget ne le permet pas on pourra se contenter de faire venir un Finlandais au lieu de la Finlande.

Jonathan Livingston a dit…

Je suis tombé dans le temps des fêtes sur deux bouquins de l'équipe de chercheurs Bissonnette, Richard et Gauthier qui résument l'état de la recherche sur l'enseignant efficace et l'école efficace. Franchement, tout est là pour repartir nos écoles sur des bases solides. Et le tout fondé dans 30 ans de courant de recherche... et imaginez bien que les approches efficaces sont explicites, utilise l'instruction directe et visent des objectifs d'apprentissage de comportements attendus très clairs et discernables par l'ensemble des intervenants...

Mais il faut savoir qu'en éducation, malheureusement, «(...) contrairement au domaine médical, les innovations pédagogiques ne sont pas soumises à un patient processus de contrôle et d'approbation, sous l'égide d'organismes dûment patentés tel que Santé Canada ou le Food and Drug Administration (FDA) aux États-Unis, avant d'être diffusées à grande échelle. Par conséquent, des innovations non testées sont implantées massivement et disparaissent au moment où l'on constate que les effets de leurs prétendues vertus ne se sont pas matérialisés. Elles sont remplacées ensuite, comme un mouvement de balancier, par de nouvelles pratiques préconisant une idéologie diamétralement opposée, sans que leur efficacité présumée soit davantage vérifiée (Carnine, !993, 1995; Kelly, 1993 et 1994; Slavin, 1989 et 1999)»

Lu dans la conclusion de Comment enseigne-t-on dans les école efficaces? Efficacité des écoles et des réformes. Steve Bisonnette, Mario Richard, Clermont Gauthier, PUL, 2006.

Le ministère devrait acheter ce livre à tous ces enseignants. Ce serait un investissement intéressant pour remettre nos idées en ordre après 10 ans de délirium!

Le professeur masqué a dit…

Je connais ces deux livres. Ils ont longuement été pourfendus par les tenants de la réforme. Pour ma part, j'ai de la difficulté avec des gens qui ont affirmé réduire le décrochage scolaire avec cette réforme et qui donnent des leçons à d'autres...

Steve Bissonnette a dit…

Merci monsieur Livingston pour ces bons commentaires au sujet des livres que j'ai écris avec mes collègues Gauthier & Richard.

Steve Bissonnette

Le professeur masqué a dit…

M. Bissonnette: il serait facile de parader, de dire : «On vous l'avait donc dit...» Moi, je suis triste que la réalité montre que le Renouveau est un échec (principalement au niveau de l'évaluation et de l'acquisition véritable de connaissances). Il est dommage que les gens qui ont mis de l'avant ce chaos ne soit pas redevable et vont même jusqu'à blâmer les enseignants au lieu d'assumer leur part de responsabilité.

bobbiwatson a dit…

Dans une entrevue entendue vendredi, madame Morel signalait qu'il était plus logique d'acquérir des connaissances pour pouvoir avoir des compétences (ex: métiers manuels) plutôt que l'inverse.

La logique prend sa place enfin!

Peut-être qu'on sera aussi logique au sujets des enfants dyslexiques? Là aussi il faudra discerner le vrai du faux: combien de parents qui ont des enfants ayant des difficultés d'apprentissage en lecture mettent la dyslexie en cause. Trop facile!