21 septembre 2009

Chions ensemble sur le système scolaire québécois

Ce titre, il me vient à l'esprit après la lecture des nouveaux articles publiés dans le Journal de Montréal (ici, ici et ici) sur les systèmes scolaires québécois et allemand.

Résumé: une maman québécoise et ses deux filles reviennent dans La Belle Province et découvrent que le système scolaire québécois est merdique comparé à l'allemand. Ce dernier présente un taux de décrochage de 6%, le meilleur au monde, on nous l'a assez répété cette semaine Résultats: une des filles, dégoûtée, retourne au Pays de la choucroûte et l'autre, demeurée au Pays de la poutine, devient une décrocheuse.

Une réalité. Émouvante. Tragique. Effroyable.

Regardons maintenant ce drame d'un autre oeil.

On tire des généralisations pour l'ensemble du Québec et de l'Allemagne à partir de l'expérience de trois personnes. Trois.

Le taux de décrochage en Allemagne est de 6%, mais ou se situent les élèves allemands quant à la valeur de leurs études? Que vaut ce diplôme?

Ces deux jeunes ont toujours vécu en Allemagne. Est-il juste d'imputer leurs difficultés uniquement au réseau scolaire?

En lisant un des articles du JdeM, on apprend que la CSDM a autorisé la plus jeune des deux filles à refaire sa 6e année à l'école St-Ambroise, afin d'acquérir les bases du français. Tiens, tiens... problème de langage en vue.

Plus loin, on apprend que cette jeune avait de bons résultats, mais «elle n'arrivait pas à s'acclimater.» Tiens, tiens... Une des deux réussit. Ça doit être la faute du système scolaire québécois.

La plus vieille déplore que le directeur de l'école québécoise ou elle était inscrite était toujours occupé: «À mon autre école, je pouvais prendre rendez-vous et lui parler entre quatre yeux.» Ah oui? Et pourquoi ce besoin de lui parler?

La maman de nos martyres a déménagé à Outremont pour que ses filles puissent fréquenter l'école Paul-Gérin-Lajoie. Peut-être qu'il lui aurait fallu penser à l'endroit ou inscrire ses filles avant d'arriver au Québec? Je ne veux pas être méchant, mais je ne suis pas convaincu que j'inscrirais un enfant à George-Vanier comme elle l'a fait.

Mais là ou je rigole, c'est quand cette mère se plaint qu'au Québec, il est trop facile pour un jeune de 16 ans sans diplôme de trouver un emploi. Selon elle, une telle situation serait inimaginable en Allemagne et encourage le décrochage scolaire. Elle sait de quoi elle parle, la maman: sa fille a pu travailler dans un restaurant, dans une boulangerie et dans plusieurs magasins de vêtements depuis qu'elle ne va plus à l'école. Passons sous le fait que sa fille semble avoir des difficulté à conserver un emploi...

Mais ai-je manqué quelque chose quelque part? Cette mère vante les vertus du système scolaire allemand, celui-là même qui donne des amendes aux parents dont les enfants décrochent? Celui-là même qui n'aurait pas toléré que sa fille décroche?

Dans un autre article du JdeM, on explique que la plus vieille a décroché, à l'école Georges-Vanier, parce qu'elle n'en «pouvait plus.» : «J'avais complètement perdu le fil. Je n'avais plus d'espoir et je trouvais que je perdais mon temps.»

Oups! elle a aussi décroché de Paul-Gérin-Lajoie. Deux en deux. Et on ne parle pas là d'une mauvaise école.

Trois cas. Pathétiques. Douloureux. Crédibles?

Trois cas à partir duquel on généralise sur le dos du système scolaire québécois et ou on ne semble pas penser qu'on pourrait être responsables, au moins en partie, de ses propres malheurs.

Pour pasticher Sartre: La faute, c'est les autres!

5 commentaires:

Anonyme a dit…

je vais être un peu hors sujet, mais ayant fait mon secondaire 1 à 3 à George-Vanier, je peux vous dire que je me suis senti mieux encadré qu'à JBM à Repentigny ou j'ai fait mon secondaire 4 et 5.

D'accord, je n'étais pas une élève à problème ni une immigrante (ce qui est rare a GV), mais je me souviens que mes titulaires à GV soutenaient plus leurs élèves qu'a JBM. Quoique ça se peut que je sois seulement tombé sur de "mauvais" titulaire à Repent. Et puis ça date d’un peu plus de 10 ans… outch, ça fait mal ça!! :p

Anonyme a dit…

Quelle excellente analyse de la situation. Souvent, il faut prendre le temps de retourner les roches pour voir ce qui se trouve en dessous.

Et comme j'expliquais à des élèves aujourd'hui, il y a toujours deux côtés à une médaille. Il faudrait pas l'oublier.

Anonyme a dit…

Notons que madame est revenue au Québec avec trois fille. Celle de 12 ans, après avoir refait sa 6e, ne semble pas avoir de problème; celle de 5 ans non plus, puisqu'on n'en parle pas. Reste une. J'aimerais voir la situation inverse : 16 ans, tes parents divorcent, ta mère décide de retourner chez elle en Allemagne...

Mooki

bobbiwatson a dit…

Toi qui a déjà mentionné avoir reçu dans ta classe de "5", à l'époque, qu'en penses-tu? Il me semble que tu nous a déjà parlé avoir reçu une Allemande dans tes anciens groupes. Et ??????????????????

Le professeur masqué a dit…

Bobbi: les élèves allemands qui viennent dans le cadre d'échanges sont souvent parmi les plus forts. La dernière en lice maitrisait les ciences et les maths mieux que mes élèves. Par contre, elle avait des difficultés en français mais, en fin d'année, elle n'était pas la dernière de la classe.