22 avril 2008

La ministre Courchesne et la violence (suite)

Quelques ajouts sur le plan Courchesne.

Poirier en direct

À RDI, à l'émission Poirier en direct, Robert Cadotte n'y est pas allé avec le dos de la main morte quant à ses commentaires sur ce plan.

Pour lui, il est inutile de faire un portrait de la situation de la violence dans nos écoles puisqu'elle est déjà bien connue et documentée. C'est à la fois du temps et de l'argent dépensés inutilement.

Ensuite, il juge que le budget consacré à réduire la violence dans nos écoles est «ridicule». Il le compare avec celui que le CSDM a déjà mis de l'avant pour un projet semblable il y a quelques années et en vient à la conclusion qu'il faudrait au moins le double des sommes prévues.

Un autre point intéressant est que M. Cadotte estime qu'en général, les jeunes de 12 à 17 sont plus violents qu'il y a une vingtaine d'années si l'on se base sur des statistiques reliées à la criminalité chez les jeunes. Il admet toutefois que ce comportement ne se traduit pas automatiquement dans les salles de cours.

Enfin, M. Cadotte est d'avis que la violence à l'école est plus marquée dans les pré-maternelles et les écoles primaires. Il regrette que des programmes comme Vers le Pacifique ne soient pas plus présents dans les institutions scolaires et que les jeunes soient davantage amenés à adopter les comportements violents de certaines idoles médiatisées, par exemple.

Quelques réflexions...

Dans tout ce débat noyé par la victoire du Canadien et les célébrations qui s'en sont suivies (violence à l'école, hein...), diverses réflexions m'animent.

Tout d'abord, on travaille actuellement peu à la prévention de la violence dans les écoles. Il y a souvent peu d'activités afin de favoriser l'émergence de modèles autres que la violence pour régler des conflits entre les jeunes, par exemple.

L'application des codes de vie est aussi parfois très discutable. Quand j'écoute des collègues autour de moi, on sent qu'ils trouvent qu'on applique une discipline assez laxiste dans nos écoles. Il ne s'agit pas tant de tout mener comme si on était à l'armée que de faire preuve de cohérence avec les règlements qu'on s'est donnés, par exemple.

À cet égard, il conviendrait de favoriser davantage la concertation entre les enseignants, mais ce type d'intervention est parfois mal vu par certaines directions. Un exemple parmi tant d'autres: lorsque les enseignants de mon secteur se réunissaient, il nous était interdit par un adjoint de parler de cas spécifiques d'élèves de crainte de «stigmatiser» ces derniers. En échangeant en grand groupe de la sorte, on risquait en effet d'«étiqueter» un jeune et de lui nuire. Résultat: ce manque de concertation a permis à des élèves de se faufiler adroitement entre les grosses mailles du système et d'écoeurer le peuple pendant quatre années. Dans certains cas, ces comportements agressifs ou déplacés nuisaient à d'autres élèves, mais étaient aussi le signe d'une détresse psychologique. Bref, en ne voulant pas encadrer certains jeunes, on a nui à tout le monde, victimes comme agresseurs.

Les écoles ratent aussi parfois le bateau en matière de sécurité. Chez nous, il manque définitivement de surveillants dans l'école et ceux-ci ne sont pas toujours respectés par les élèves parce qu'ils ne sont pas assez soutenus dans leurs interventions.

Il est également parfois difficile d'identifier qui commet des mauvais coups parce que le système de caméras de surveillance dont nous disposons est désuet et incomplet. Certains élèves agissent donc en toute impunité. Loin de moi de souhaiter une ère de Big Brother, mais un jeune qui se surveille est un jeune plus prudent... On déplace le comportement violent à l'extérieur, me direz-vous, mais, au moins, l'école devient une aire protégée.

Enfin, et là je vous invite à penser à cet événement survenu aujourd'hui, nos écoles ne sont pas protégées contre la violence extérieure. Bien qu'il y ait eu les drames de l'École polytechnique, du Collège Dawson, de Virginia Tech, il est toujours aussi facile de pénétrer à l'intérieur de certaines institutions scolaires avec des intentions malveillantes. Chez nous, aucun obstacle n'empêche un parent furieux ou un fou avec une arme d'entrer par la dizaine de portes non sécurisées de mon école. Il n'y a rien de facile, croyez-moi! On n'a tiré strictement aucune leçon des événements passés.

Réponse à Sylvain

En réaction à mon dernier billet, Sylvain me demande:

Ma question est donc la suivante : que faire alors ? Le décentralisé tablette et le centralisé fait empocher les étages supérieurs. Dan un cas comme dans l'autre, il ne se passe véritablement rien à la base pour solutionner le problème. Que pouvons-nous alors faire ?

Je crois honnêtement que les enseignants auraient intérêt à se concerter davantage dans une école. Chez nous, c'est après des réunions informelles auxquelles la direction n'était pas invitée que nous avons dressé une liste d'élèves problématiques. Après quelques semaines, nous avons soumis à nos patrons un dossier suffisamment étayé pour leur demander de prendre des moyens pour amener ces jeunes à corriger leur comportement. Remarquez aussi qu'il a fallu deux profs en burn out pour que certains allument... Il faut toujours des victimes, semble-t-il.

Là ou je suis découragé cependant, c'est du peu d'écoute de nos gestionnaires. Un exemple: depuis quatre ans, nous soulignons le manque de sécurité dans notre école. Un vrai moulin!

La question a été abordée en Conseil d'établissement, en Comité de participation des enseignants, rien n'a été corrigé. La commission scolaire est actuellement en train de changer les fenêtres de nos classes (en pleine année scolaire), mais elle n'a pas d'argent, semble-t-il, pour installer des portes sécurisées. Les économies d'énergie sont plus importantes.

1 commentaire:

bobbiwatson a dit…

Les portes sécurisées vont venir avec le temps. La violence à l'école ne peut être contrée si ce sont "les hautes gommes" des écoles qui sont impliquées "ministériellement parlant" qui vont s'occuper du dossier.

Revenons à la base! De toute façon, les problèmes de violence à l'école sont vécus par la base : les profs et les élèves. Les uns contre les autres et/ou les uns solidaires avec les autres???

Les belles idées gouvernementales ne sont que de belles théories. Vous autres les profs, faites des pressions auprès du MELS pour avoir du soutien "À VOTRE NIVEAU" et non à celui des directions! Relativisons les degrés d'intervention(s) et rendons à César ce qui lui appartient!!!!